Grands invités
« J’ai fait le tour du monde, et je suis revenue ici, parce que c’est ici que j’ai mes racines. Je ne me voispas vivre autrement… » Ainsi parle Valentine Tardieu Vitali, directrice et Œnologue de Château la Verrerie depuis octobre 2018. « Il faut aimer sa vigne, la bichonner pour faire un bon vin. La comprendre » assure celle qui aime tôt le matin, arpenter ces lignes de sarments. « On a une belle sortie, l’année prochaine, ce sera encoremieux ». Certains la perçoivent « sévère », elle a fait de son exigence une leçon de vie. La vigne, c’est l’école des saisons, « c’est rejouer tous les ans la partie. C’est une alchimie. » C’est faire progresser tous ceux qui travaillent avec elle, unis par la même obsession. C’est une nature avec laquelle Valentine Tardieu Vitali, échange des correspondances secrètes, universelles.
« A seize ans, je savais ce que je voulais faire, être : œnologue. » La voix est calme, déterminée, « sans accent » précise cette Parisienne restée cinq mois seulement dans la capitale, et qui a grandi entre Uzès et Libourne. A quinze ans, elle va vivre chez une parente au Venezuela. Une expérience intense pour cette lycéenne qui vivra en direct les émeutes, les inondations. Et qui « redescendra » dans son Sud natal, forte de ses convictions. Valentine a fait ses débuts auprès d’Alphonse Mellot, à Sancerre, dans l’équipe de renfort de cave pour s’imprégner du savoir-faire des grands vinificateurs. Dès 2008, elle entame trois années d’alternance entre la France – au sein de la maison Tardieu-Laurent (Vallée du Rhône) – et l’Australie et la Nouvelle Zélande, où elle se concentre sur les techniques de vinification des vins « du nouveau monde ». Elle se familiarise alors avec une approche anglo-saxonne de la gestion d’équipe et de la mise en place de process permettant d’optimiser la production, la qualité des vins, l’art de l’assemblage et le conseil. En 2011, elle endosse les fonctions de maitre de chai à la cave de Bonnieux en Luberon avant de rejoindre en 2013 la cave de Quatre Tours (Coteaux d’Aix en Provence) en tant que responsable de production et responsable qualité́.
Directe, pragmatique, multi tâches, l’experte conduit son tracteur, comme elle prépare les commandes, se rend en cave, traite la vigne. Avec passion. « J’ai une vision à 360 degrés de mon métier » affirme cette sportive épicurienne, férue d’escalade, de randonnée et de ski alpin, même si pour à chaque fois, « quitter la vigne, c’est une épreuve. Une séparation ». Taureau ascendant lion, elle est aussi réfléchie, organisée, que spontanée : « La réussite d’une cuvée, c’est apporter une émotion, une expérience » Elle voue un amour absolu à la terre. Une terre-aimant qui l’a poussée à financer seule ses études pour obtenir avec mention une double licence d’œnologie à la faculté de Montpellier et en biologie à la Faculté́ de Bordeaux. « Je savais que si je voulais y arriver, c’est sur moi que je devais compter… » La Verrerie ? Un coup de foudre, un écrin de 150 hectares, dont 56 de vignes, où l’on peut selon elle « exprimer des vins d’une grande finesse » Celle qu’elle défend avec panache, dans cette recherche constante, qu’elle travaille sans effet, avec la pudeur des sentiments. Et l’aversion pour tout ce qui est « gélatineux » tout ce qui ressemble au mensonge, à l’a peu près, à l’absence de vérité, de personnalité. Grenache, roussanne, clairette, carignan, le cinsault, bourboulenc, chaque cépage est à ses yeux l’expression d’un caractère, dont la force tient aux sols. « La vigne, c’est un individu. » Celle qu’elle chérit donc, en travaillant avec passion le parcellaire, en s’attachant à « exprimer un terroir, pour affirmer un style ».